Groupe féminin d'alpinisme de la Région Grand Est
8 Juillet 2020
LA VOIE NORMALE DE L’AIGUILLE DU TOUR
Durant le weekend du 7 et 8 juillet 2020, nous avons réalisé notre premier sommet en autonomie, avec Yaëlle et Maëlle : L'aiguille du tour !
Yaëlle l'ayant déjà gravi quelques années auparavant avec l'UCPA, et connaissant ses capacités de jeune alpiniste, nous avions une totale confiance en elle pour nous mener au sommet ! Mon rôle était de me renseigner sur le téléphérique (ce qui fût un peu un échec, on en reparlera à la fin de ce texte...), et de m'occuper de la réservation du refuge pour nous trois, ainsi que de prendre connaissance des actuelles conditions en refuge, avec la COVID 19.
Le premier jour se passe bien, beau soleil, nous prenons la télécabine de Charamillon avec Yaëlle, Maëlle préférant monter à pied. Nous nous donnons un point de rdv à une intersection, afin de continuer la marche d'approche pour le refuge toutes les trois. Pendant que nous attendons Maëlle, ce sera pause casse-croûte pour Yaëlle et moi. Elle en profitera pour me faire une petite interro surprise avec la carte, pour voir si je saurai nous repérer (Mission succeed!)
Maelle arrive, et nous repartons donc toutes les trois pour le refuge Albert 1er, le tout sans encombre, mais toujours avec mes éternelles ampoules aux talons...!
Pendant le repas du soir nous sympathisons avec deux hommes, surpris de voir "trois nanas seules" se lancer en autonomie dans une course, et nous félicitant pour cela, dans la joie et la bonne humeur!
Nous avons le droit à un magnifique coucher de soleil depuis le balcon du refuge, nous en profitons pour prendre des photos, et aller repérer le début de notre chemin pour le lendemain.
Je n'ai pas bien dormi cette nuit-là, comme c'est souvent malheureusement le cas pour moi au refuge (trop chaud, trop froid, pas assez dormi, etc.…)
Réveil aux aurores donc, petit déjeuner rapide et nous voilà parties !
Nous n'avons même pas eu besoin de nos lampes frontales, on y voyait assez pour nous repérer et suivre les cairns, ce qui nous facilite la tâche et nous fait gagner du temps !
Pour le glacier nous choisissons évidemment un encordement long, avec des nœuds d'arrêt entre nous. Le glacier était bien bouché et nous avons eu du regel la nuit donc nous n'étions pas trop stressées. L'ascension se déroule très bien, nous avançons vite et doublons même quelques cordées. Nous raccourcissions notre encordement pour les passages plus raides, et nous arrivons à la rimaye. Yaëlle à bien pris le temps de l'étudier pour savoir comment la passer, et elle choisira de la passer par la droite en faisant un petit détour, car il y avait un trou dans la trace existante, ne nous permettant plus de passer par là.
Et enfin, la partie rocher ! Plus je montais, plus je peinais à reprendre mon souffle, et chaque effort me coûtait ! C'était la première fois que je ressentais le manque d'oxygène dû à l'altitude !
Nous arrivons enfin au sommet, vers 9h30 ! Et nous profitions, seules là-haut pendant encore quelques minutes, de la magnifique vue, en savourant la réussite de notre premier sommet en autonomie !
Les autres cordées arrivent, petite séance photo et casse-croûte, puis redescente avant tout le monde pour éviter les bouchons !
Descente par le même itinéraire qu'à la montée, et retour au refuge ! Jusque-là niveau horaire tout va bien, sauf que nous prenons un peu trop notre temps avec Yaëlle (Maëlle était déjà partie car elle descendait à pied comme pour la montée, du coup) pour quitter le refuge (on se change, petite boisson, on papote on papote...) et évidemment, on y arrive, je n'avais pas pensé en me renseignant sur le téléphérique à regarder les horaires pour la descente, croyant trop naïvement qu'il fonctionnait jusqu'au moins 19h... Grave erreur, car en réalité il s'est arrêté sous nos yeux à 17h15... Le temps d'y arriver il n'y avait plus personne, donc il a bien fallu se rendre à l'évidence, nous allions devoir faire la descente à pieds, en deux fois plus long, avec la corde, en coupant tout droit sous le télésiège.... Je crois que ça a été l'une des descentes les plus douloureuses de ma vie, j'avais les pieds en compote dans mes grosses, le moral à zéro, mon corps entier me faisait souffrir, et la fatigue de la journée n'aidait pas... A mi-chemin nous avons chaussé nos tongs avec Yaëlle, foutus pour foutus... Autant laisser respirer nos pieds !
Arrivée à la voiture, la délivrance... On apprend de ses erreurs ! Et c'est ce qui est le plus formateur au final, puis avec le recul j'en rigole et garde surtout en tête tous les bons souvenirs de cette ascension, qui aura été par la même occasion un super entrainement pour notre stage terrain montagne !
Ecrit par Julie