Groupe féminin d'alpinisme de la Région Grand Est
6 Juin 2021
Cycle de formation à l’alpinisme pour des jeunes du CER du Kreuzweg
bouquet final
Dans le cadre d’un partenariat entre la FFCAM Grand Est et le Centre Éducatif Renforcé du Kreuzweg, avec Médine et Ozan, nous avons organisé trois temps d’initiation à l’alpinisme pour un groupe de 7 mineurs, accompagnés de deux éducateurs ou éducatrice. Ce cycle s’est achevé « en beauté » avec un week-end à Chamonix, encadré par Raymond Tschaenn, guide de haute montagne.
On se retrouve à Chamonix vendredi après-midi, histoire de faire un petit tour dans la ville et de récupérer les chaussures d’alpinisme. Un des jeunes et un des éducs qui devaient nous rejoindre plus tard n’y arriveront malheureusement pas, ils ont eu un gros accident de voiture, heureusement plus de peur que de mal ! On sera quand même régulièrement en contact avec eux…
En fin d’après-midi, on rejoint le refuge du Tour, notre camp de base pour le week-end… En effet, entre une météo incertaine et les remontées qui sont encore fermées, on a choisi de rester dans la vallée. Dehors, sur la terrasse, un petit groupe de trois ado admirent le paysage… et disent la chance qu’ils ont d’être là.
Raymond, notre « capitaine » comme il se présente lui-même, nous rejoint pour l’apéro et partager avec nous le repas du soir. Il explique aux jeunes et aux encadrants comment se passeront les deux prochaines journées : on se retrouvera le lendemain en fin de matinée, après la pluie, aux Gaillands pour faire un peu d’escalade et un peu d’entraînement pour la journée du dimanche, où on ira sur la mer de glace.
Samedi matin, une fois sur le site d’escalade, Raymond invite les ado à regarder les sommets qui pointent autour d’eux. Il demande immédiatement à l’un d’entre eux : « alors, c’est laquelle que tu trouves la plus belle d’aiguille ? ». Belle entrée en matière pour apprendre les noms de ce qui nous entoure. « Et toi, c’est laquelle ? ». Même si on ne retient pas le nom, ça ancre quelque part de savoir que ce qu’on a autour se nomme, et c’est surtout une façon de s’approprier un peu cet univers étranger que de se positionner sur ce qu’on préfère dans ce paysage…
Ensuite, place à l’escalade ! Ils ont beau être en basket, certains sont vraiment très à l’aise… Et même s’ils ne l’expriment pas, il y en a deux-trois qui s’acharnent tellement qu’on voit bien qu’ils y trouvent du plaisir… Je pense notamment à B, qui est censé être sujet au vertige mais qui refait trois fois la longueur la plus longue. Médine se lance également dans la transmission des manips pour faire le rappel avec un des jeunes, qu’il gère comme un chef.
Pour finir la journée, Raymond nous prépare à la journée de dimanche, à savoir : on va grimper le long des échelles qui se trouvent tout à gauche du secteur de grimpe, et tous les jeunes sont encordés les uns derrière les autres à la suite de Raymond, qui nous explique l’ordre des « couillons », lui, sera donc le « premier couillon », et il nous explique aussi l’importance du dernier, qui est tout aussi important que le premier dans la mesure où il gère aussi le bout de la cordée. Thomas et Tirtha, les éducateurs, sont aussi de la partie, encordés avec Médine. Maryse et moi fermons la marche. Arrivés en haut, tout ce beau monde savoure plus ou moins, en tout cas apprivoise un peu, la sensation de vide, cette fois-ci bien nette parce que nous sommes à 70 mètres du sol.
Pendant la descente, on entend les jeunes qui s’injurient copieusement… Pas évident d’être accrochés les uns aux autres et d’harmoniser les rythmes de marche ! Arrivés en bas, Thomas attrape un orvet et décide de le brandir devant les jeunes pour leur faire une blague… qui tombe un peu à plat : L, blasé : « ben oui quoi, c’est un orvet ! » Avec Maryse et Médine on se bidone.
On plie bagage et retour au refuge, pour manger, faire un débrief et préparer le lendemain, avec notamment un temps pour ajuster les crampons aux chaussures. Il faudra se lever tôt demain !
Dimanche matin, après avoir accompli les moults préparatifs, on déboule à la gare pour prendre le train à crémaillère du Montenvers…
Là haut, on prend le temps de contempler la vue, et on fait une grande séance de photo, le temps que les œufs ouvrent pour descendre : c’est une première pour certains. La suite de la descente est l’occasion pour Raymond de nous parler un peu de réchauffement climatique et de cycle glaciaire, les limites du glacier étant (malheureusement) la meilleure illustration de la fonte en cours.
On marche un peu sur la glace, et puis enfin, tout le monde met les crampons, les jeunes sont alors encordés, exactement comme la veille, et Raymond les fait passer par des endroits de plus en plus délicats, histoire d’appréhender la marche encordée en crampons : d’abord des pentes douces, des petits passages de crevasse, passage un peu plus technique sur un rocher, pentes un peu plus raides, etc. Autour d’eux, notre groupe d’adulte n’en fini pas de filmer, photographier, un vrai fan club.
Après un rapide pique-nique, on va poser deux cordes pour faire un peu de grimpe sur glace avec les piolets, juste le temps que chacun fasse au moins une ascension, parce que le temps file et qu’ils doivent être de retour au CER le soir même… Et puis direction le train, avec une remontée qui s’effectue par les échelles, après un petit air d’harmonica ! Apparemment, la partie échelle leur a beaucoup plu : c’est vrai que c’est là que la sensation de vide était la plus importante !
Sur le parking on se quitte, d’abord avec Raymond, sans de grands discours, par contre de timides mercis, encouragés par les éducateurs, qui tentent d’égayer le moment, mais quand même un silence dans lequel transparaissent des émotions fortes, jamais simple à exprimer.
Grand merci à Médine, Ozan, à la FFCAM, au Comité Régional Grand Est des clubs alpins, au CAF de Strasbourg, à Raymond, Maryse, Thomas et Tirtha, le CER du Kreuzweg, d’avoir rendu cette expérience possible à plein de niveaux !
Ecrit par Anaïs CRETIN